En ces temps particulièrement troublés, il serait de bon tons de rappeler, l’utilité et l’importance de la culture et de l’art sur notre développement mental, cognitif, neuronal dans les interaction sociales.
Voilà plus d’un an bientôt que toutes les structures culturelles sont fermées et les dégâts sur notre bien-être psychique commence à se faire sentir, avec des dépressions, burn-out et des tentations suicidaires.
La distanciation sociale est en train d’achever psychologiquement une bonne partie de nos étudiants, de nos jeunes et moins jeunes du reste. Comme quoi nos dirigeants ont tendance à croire que la culture et l’art ne sont pas essentiels et importants; hors ce n’est pas le cas. Regardons de façon plus approfondie, les vertus de l’art et de la culture sur notre cerveau.
L’art est bon pour notre cerveau
Certaines études scientifiques tendent à démontrer que l’art est un support indispensable au bon développement de notre cerveau. Selon Pierre Lemarquis, les biens faits de l’arts sont connus depuis des millénaires car ce dernier agit comme un médicament. Un rapport de l’OMS basé sur 900 articles scientifiques a réparti les arts en 5 catégories : les arts visuels, les arts de la scène, la culture ( musées, festivals théâtres etc…), les arts numériques et la littérature. Chacun ayant pour conséquence de stimuler nos neurones et autres activités hormonales d’une façon bien particulières.
L’art est un atout précieux dans plein de domaines, comme le fait d’apaiser les pénibles effets de la chimiothérapie grâce à la musique notamment qui aide à la diminution de la fatigue, des douleurs et des nausées engendrées pas ce lourd traitement.
Il peut, dans certains cas, avoir aussi pour effet de raviver la mémoire des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, comme ce fût le cas pour cette ancienne ballerine et danseuse étoile qui recréa les gestes du lac des cygnes.
Il est préconisé sur ordonnance au Canada afin de soigner les personnes atteintes de dépression et d’anxiété. Des chercheurs de l’University College de Londres concluaient que les visites culturelles réduisent les risques de souffrir de dépression au cours de la vie : 32 % de risques en moins de tomber en dépression en devenant sénior, quand on se rend au cinéma, au théâtre ou au musée plusieurs fois par an; et si on passe a une fréquentation d’au moins 1 fois par mois, le chiffre grimpe à 48 % de risques en moins.
L’art contribue, en le pratiquant, au déclenchement de la fameuse hormones de la dopamine qui est celle de la récompense comme l’explique Jean-Pierre Changeux neurobiologiste et professeur au collège de France.
Depuis une trentaine d’années, en France, de nombreuses structures de santé partagent ce constat avec l’art-thérapie, qui reste encore méconnue.
En utilisant toutes les formes artistiques (par exemple le dessin pour les plus jeunes, la photo et la vidéo pour les personnes âgées), l’art-thérapie améliore l’humeur du patient, lui permet de réduire sa dose de médicaments, et réduit sa convalescence.
Mais mieux que ça, Pierre Lemarquis nous apprend qu’être au contact de l’art crée la production des hormones miroirs qui participent à l’empathie et donc qui nous permet de pouvoir se mettre à la place des gens et de les comprendre et d’y voir de la beauté et comme le disait Platon : « le premier bien est la santé, le deuxième la beauté. ».
Stendhal en apporte un exemple bien connu. Lors de sa visite de la cathédral de Florence, le célèbre auteur a été sous l’emprise de la beauté des lieux et en a fait un malaise qui est qualifié du syndrome de son auteur. Et si le mal-être que la société ressent depuis un an lié à la crise de la Covid19 était en réalité le manque de contact du beau et de l’interaction sociale que l’art permet d’avoir ?
L’art est aussi utilisé dans les hôpitaux sous forme d’arts-thérapies afin d’aider les patients à retrouver leur motricité, il peut être aussi un moyen d’insertion des personnes ayant des troubles psychiatriques comme j’ai pu le constaté moi-même lors de mon stage de sensibilisation au métier de médiateur culturel chez GEM connexion plus.
Ne faut-il pas renforcer notre implication dans l’art et la culture ?
Certaines études scientifiques s’accordent pour dire que depuis l’apparition des écrans (télévision mais surtout depuis l’arrivée des écrans mobiles : smartphones et tablettes), et leurs multiplicités et surtout la surabondance de contenus, notre déficit de l’attention n’a jamais autant chuté, rendant ainsi notre cerveau à la fois paresseux et sur-sollicité en même temps.
Explication, selon un article publié sur Québec science datant du 17 avril 2019, on apprend que le temps passé sur les écrans par les enfants aurait un impact catastrophique sur leur cerveau, à un point tel que ceux qui passeraient plus de temps sur ces derniers souffriraient plus de troubles déficitaire de l’attention que les autres.
Une étude menée sur plus 2300 enfants canadiens en âge périscolaire, puis publié dans PLOS One, affirme que ceux qui passeraient moins de 30 minutes par jours seraient les moins à même de contracter ce trouble par rapport à ceux qui y passeraient plus de 2 heures par jour.
Cela se traduirait par de l’agitation, de l’impulsivité, de l’inattention avec hyperactivité, bien qu’il y aurait d’autres facteurs comme le stress parental, le statut économique et social, la quantité de sommeil mais il apparaît néanmoins que l’exposition aux écrans est le facteur le plus influent.
Il faut réhabituer nos neurones à la concentration par le renforcement de l’art et de la culture.
Comme par exemple la littérature, en effet la lecture a pour effet de jouer un rôle dans les développements de nos pensées et nous force à faire preuve d’attention.
Selon un article de psychologie.com, peu d’études scientifiques ont analysé les biens-faits de la lecture.
Pourtant, elle est d’une utilité cruciale, en particulier pour les fictions. En effet, plus de 88% des français se déclarent lecteurs avec une nette préférence pour les romans. Les Français aiment lire mais le mieux lire est très important aussi. C’est le résultat étonnant qu’ont obtenu David Comer Kidd et Emanuele Castano dans leur étude qui a été publié dans la revue science de 2013, reprise et confirmée par une autre équipe en 2018 : Il a été montré que le simple fait de lire un extrait d’une fiction littéraire d’un auteur connu ou récompensé par un prix permet d’obtenir une meilleure performance pour la pensée que si on lit une fiction populaire tel qu’un ouvrage faisant partie des meilleurs ventes.
En effet la complexité du langage que revêt une fiction littéraire, activerait les régions du cortex préfrontal-médian et celle du temporo-pariétale. Toutes deux ont pour fonction de permettre la compréhension d’autrui, cela favoriserait « la théorie de l’esprit », qui désigne en neuropsychologie, la capacité à interpréter ses propres états mentaux et ceux des autres êtres humains.
Conclusion
Dans un monde où la pandémie que l’on connait est en train de nous faire rentrer brutalement dans le 21ème siècle en accélérant la mutation de certains métiers dit de services vers la numérisation voire robotisation, la culture semble être au contraire un secteur qui dans les années à venir restera humain pour donner du sens à notre existence, de laisser libres cours à la créativité et de faire travailler son cerveau.
La culture n’est pas morte, comme certains peuvent le croire.
Elle sera au contraire facteur de rebond et reviendra plus forte, plus riche d’enseignements et plus utile que jamais.
Clémence de Lambert
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