Pour le meilleur et pour le Pire.
À défaut de détenir la clé universitaire qui permet de s’exprimer au nom de la pensée respectable, je découpe cette chronique en quatre réflexions construite sur l’expérience, qui me fournit mon Passe partout.
Printemps 1935, le Sauveur
Commençons par ce personnage typiquement Français, le Sauveur. Avec le temps, j’en ai connu beaucoup, y compris au cours de ce printemps.
Pour éviter d’avoir à me prononcer sur le dernier modèle vers lequel les Français se portent, j’extrais de ma mémoire et des journaux que je lisais à l’époque, un personnage, Philibert Besson, le « Héros du Velay », le « Fou qui avait raison ». Déjà !
J’ai posé la question à l’ensemble de mon entourage, si instruit soit-il. Personne ne sait qui est Philibert Besson. Je vous le décris.
L’homme était député et il avait inventé la première monnaie européenne qu’il avait baptisé Europa. Il avait fait un bref séjour en asile psychiatrique et publié un pamphlet « Peuple tu es trahi ».
Héros anti système, déjà, il s’est fait sacrer au cours d’un meeting de 20.000 personnes à Saint-Étienne. Fort de ce succès, il a tenté d’échapper à des poursuites pénales, qui fragilisent ce genre d’hommes.
Il s’est caché dans le maquis de sa région, puis en est sorti en accord personnel avec le Président de la République. La Justice a mis le holà et l’a enfermé à la prison de Riom où il est mort en 1941.
Voici ce qui m’avait intéressé en 1935, après Stavisky en 1934 et avant Mermoz en 1936, vivre avec des héros, faux ou vrais. C’était de mon âge.
Avril 1945, Les Cogneurs
En situation de survie, je fais des petits boulots qui vont m’amener à prêter mes bras pour déplacer les gros meubles chez un assureur. Je suis aidé par un copain, un peu plus âgé que moi, issu de la seule famille musulmane de la ville, les Ben Azzouz.
En fin de journée, les gendarmes viennent nous arrêter parce que l’assureur s’est plaint du vol d’une enveloppe de billets de 5000 Frs. de l’époque. Après une nuit passée au « Gnouf » mon oncle, mon tuteur, est venu me libérer.
Le lundi suivant, il m’a informé que c’était la fille aînée de l’assureur qui avait pris l’enveloppe, pour aller passer un week-end avec un beau lieutenant de la deuxième DB, qu’elle avait connu en allant voir le quartier-maître Jean Moncorgé, alias Jean Gabin, qui avait débarqué à la gare pour aller participer à la libération de Royan.
J’ai lui demandé ce qu’il était advenu de Ben Azzouz. Il m’a répondu qu’il avait pris une solide dérouillée par les gendarmes et qu’il lui faudrait quelques temps pour se remettre de la casse. Chacun comprendra ce que je ressens aujourd’hui.
1985 Le Fleuron national industriel
Après le Sauveur, Politique, j’aborde le Sauveur économique recherché pour faire oublier les aventures politiques qui ont affecté l’économie des années 1980. Classique et répétitif !
Fin 1984, le Président du tribunal de commerce qui m’a affecté à la première chambre, me demande, en absolue discrétion, d’étudier comment le tribunal pourrait gérer, ou conseiller, l’inévitable faillite d’Air France et de la Régie Renault.
La réponse sera simple, on ne peut plus rien faire pour la régie Renault sauf lui donner un vrai Patron. L’État le fera l’année suivante avant que le pauvre homme, dans la force de l’âge et de la compétence, soit assassiné pour répondre à l’idéologie ouvriériste de l’époque.
Alors que tous ceux qui travaillaient sur les chaînes de l’île Seguin à Billancourt demandaient simplement qu’on améliore et garantissent leurs salaires.
Pour Air France, il ne s’agissait pas d’ouvriers mal payés, mais de pilotes qui apparaissaient surpayés.
Il fallait donc attendre de trouver une astuce capitalistique pour en sortir.
Ça s’est passé au tribunal. L’année suivante lorsque Air France, ce que peu de gens savent, a été absorbés par sa filiale Air Inter. Curieux, mais favorable à une solution de courte durée.
35 ans plus tard, Renault et Air France cherchent une stratégie alors qu’elles sont l’une et l’autre devenu des fleurons industriels menacés de conception originelle française, au premier niveau industriel international.
Espérons que Renault, nationalisée comme en 1945, ne s’orientera pas vers la fabrication de l’ancienne Trabant de l’Allemagne de l’est avec moteur électrique, et qu’Air France n’entraînera pas Airbus vers les prédateurs des deux géants que sont l’Amérique et la Chine.
2020 Le temps des Savants
La crise sanitaire, réelle et dangereuse a imposé que les experts auxquels on a eu recours dans toutes les autres crises soient baptisés Savants.
Ayant nommé et contrôlé des centaines d’experts en économie, en finance, en commerce, puis opéré pendant 15 ans avec des savants dans la Santé publique, j’ai quelques observations à faire.
Autant le personnel soignant, mal payé et courageux, est méritant, autant la bureaucratie la plus sectaire qui soit, au sein de notre État ne doit pas se cacher derrière les bienfaits des soignants. Elle a réussi à mettre le Pays à genoux.
Les savants, comme tous les experts, ont le devoir de l’incertitude et de la division dans leurs propos. C’est ce qui en fait des savants.
Personne n’a le droit de se cacher derrière eux pour échapper à sa responsabilité, que ce soit avant, pendant ou après, soit en les approuvant, soit en les ignorant.
Il est plus qu’intéressant de voir ce qui va se passer lorsque la France mise à genoux va se relever face à la deuxième vague économique et sociale.
Pour la quatrième fois en 80 ans je vois notre Pays emporté par une spirale mortelle.
Il s’est fait injecter une peur terrifiante, justifiée, pour les vieux inactifs, beaucoup moins pour les jeunes, privés de leur Présent, et pour beaucoup de leur Avenir.
Cette peur du Présent a installé une Angoisse de l’Avenir dont on ne connait pas encore les points de fixations ni les modes d’action qui conduiront à se débarrasser du passé qui a enclenché ce cycle infernal.
C’est ce qui m’a conduit à publier cet Essai sur la vie de nos Républiques qui ont péri dans cet engrenage.
Ce n’est qu’un début, continuons le débat.
je ne parviens pas à lire la fin de la chronique du jouer sur la société à mission !
avec ma fidèle amitié
jean
Bonjour, cette chronique se trouve ici : https://www.lechodesarenes.com/la-raison-d-etre-l-entreprise-a-mission-une-inquietude-pour-les-dirigeants/