La COVID19, Les grandes ruptures de 2020
Après la solidarité et le générationnel découvrons la responsabilité et l’intergénérationnel
L’épidémie que nous vivons avec le Coronavirus SARS-CoV-2 et la maladie dont il est la conséquence (La COVID) est une nouveauté. Cette pandémie, par son ampleur, a provoqué une crise sanitaire pas vu depuis un siècle dans son nombre de morts son impact sur le système hospitalier et par sa particularité générationnelle.
Sans être une première, la COVID19 est une maladie générationnelle
Elle tue d’une manière différentiée principalement suivant l’âge. Depuis le début de la pandémie en mars 2020, sur les plus de 70 000 décès répertoriés en France, 93% des morts ont plus de 65 ans (1). Dans le même temps, 80% de la population nationale – 53 millions – qui regroupe les jeunes et la population active n’auront subi qu’un faible impact sanitaire par la COVID.
En effet, pour cette dernière génération, l’année 2020 devrait être la plus faible en termes de mortalité. La conjonction d’une grippe saisonnière de faible intensité (voire inexistante), associée à la baisse importante des accidents de la vie en particulier ceux de la route auront permis de sauver plusieurs centaines de vies entre 2019 et 2020.
Mais dans le même temps, cette population est celle qui bougent le plus (activités physiques, sociales, professionnels …), est celle qui se contamine le plus pendant les soirées, les concerts, les bars ou les fêtes entre amis. Par contre, ils sont aussi ceux qui sont asymptomatiques en très grand nombre ou qui développent en très grande majorité des formes bénignes.
Depuis maintenant plusieurs mois, et surtout depuis cet été, il en est appelé à la jeune génération de modifier ses comportements de vie pour en protéger une autre. Et pour se faire, on fait appel à la solidarité, au sens de la responsabilité ou plus directement « on interdit » !!
Et, cette décision « politique » est prise par ceux qui sont aux affaires, les 30 à 65 ans pour « protéger leurs parents », les plus de 65 ans.
Contrairement à ce que l’on pense, ou essaye de le faire croire, les moins de 30 ans ont été globalement sérieux pendant le confinement. Ils le sont encore pour le port du masque dans la rue quand cela est demandé (comme on peut le voir à Paris ou dans les grandes villes).
Cette solidarité est toute à l’honneur des français qui ont su sacrifier leurs études, leur travail, leur vie sociale, leurs loisirs au profit de nos ainés.
Une crise sanitaire doublé d’une crise économique là aussi générationnelle
Cela fait plusieurs années que les jeunes générations successives sont déclassées. A commencer par l’accès compliqué à l’emploi : la multiplication des emplois précaires, avec les périodes de stages, les CDD avant potentiellement l’obtention du graal CDI. Déjà, il y a 10 ans, moins de la moitié des 15-24 avaient un CDI, et cela s’est encore dégradé. Aujourd’hui, plus de 50% des pauvres ont moins de 30 ans selon le rapport sur la pauvreté en France 2020-2021. (Observatoire des inégalités).
Et Il y a bien d’autres sujets sensibles pour cette génération : l’accès à la mobilité avec un permis au rabais (nombre de points réduits à disposition), une incapacité à trouver facilement un logement, sans parler d’en acheter un qui accentue le sentiment de précarité et de déclassement.
Ils ont déjà été fortement touchés depuis le début du Confinement avec beaucoup de perte d’emplois, moins de saisonniers, moins d’emploi(s) dans les bars restaurant(s) ou boites de nuit …. A cela s’ajoute pour les étudiants des cours à distance ou des parcours éducatifs particuliers, ainsi qu’une quasi impossibilité de trouver un stage depuis le début de la pandémie.
A la sortie de cette crise, à l’heure des comptes, il sera indispensable de se mobiliser pour cette génération qui ne devra pas être celle sacrifiée et de lui rendre la contrepartie des efforts qu’elle a réalisée. Par contre, si nous souhaitons que cette solidarité générationnelle des plus jeunes vers les plus anciens reste un bien collectif, il ne faudra pas se réfugier derrière l’Etat providence.
C’est une prise de conscience individuelle, collective et nationale qui doit être faite par l’ensemble des générations. Il nous parait important qu’il y ait en retour une véritable solidarité intergénérationnelle par des efforts des anciennes générations vers les jeunes générations. Autant du point de vue financiers, éducatifs que professionnels.
Cela nous évitera peut être un retour de bâton sévère. Cela fait déjà des années que les jeunes ne votent plus ou pas assez pour une démocratie qui ne les représentent pas et ils sont souvent critiqués par les anciens (droit de vote acquis par la génération des 60 + qui « fustige » la jeunesse du peu d’engagement politique qu’elle a).
La « jeunesse » vit dans cette société construite par leurs grand parents et parents; ils ont le droit de ne pas se sentir inclus et d’affirmer que ce n’est pas la leur. Ils se sentent contraints, cadenassés, jugés avant même qu’ils puissent exprimer des avis ou se faire leurs propres expériences.
Dans le même temps, ils savent être solidaires, altruistes, engagés à partir du moment où on leurs laissent libertés d’actions et de pensées. Laissons des chances à cette génération d’exprimer sa responsabilité.
Il est nécessaire de maintenant séparer la crise de l’épidémie. Avec la vaccination nous avons l’opportunité d’agir sur la population qui développe les formes grave et qui décède. C’est une course contre la montre qui doit concrétiser tous les efforts fournis en 2020 et en ce début d’année et nos dirigeants seront jugés sur la réussite de cette phase.
La crainte des différents variants nous ont déjà fait prendre un retard de plusieurs semaines. Pour ne pas risquer que le personnel de nos hôpitaux ne soit trop touché et cause une pénurie de personnel au moment d’une future nouvelle vague, il a été choisi de privilégier la vaccination des soignants en masse, y compris les moins de 50 ans.
Ce choix, malheureusement pas clairement annoncé, aura certainement des conséquences en vies perdues en reportant de 3 semaines et en utilisant des milliers de doses à cet effet, souhaitons que nous saurons rattraper ce retard et que les pénuries annoncées ne viendront pas.
En vaccinant cette dernière population, nous pourrions enfin sortir de cette crise sanitaire et de la pression qui pèse sur les hôpitaux simplement car 20 000 sur les 25 000 des hospitalisations actuelles sont occupées par des plus de 65 ans(1). Si toute cette génération était vaccinée, les hôpitaux ne seraient plus engorgés et nous pourrions traiter cette épidémie avec plus de distance et de sérénité.
C’est à ce prix que la population active et les jeunes pourront repartir de l’avant et préparer l’avenir pour tous. Il est temps que la société française se place au-dessus de la Covid, maladie générationnelle, et d’aller vers une société de solidarité intergénérationnelle où les responsabilités individuelles et collectives seront réaffirmées.
Philippe ROUGER
Charles BOIRY
1 – Données Santé publique France au 12/1/20
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