La Doctrine Guerrassimov est un des livres en pleine résonnance avec l’actualité récente. Ecrit par une des relations amicales de l’écho des arènes, Patrick de Friberg, l’époux de Véronique Anger, elle-même partenaire du même écho et des dirigeants de Michel Rouger Conseil avec son mouvement « Changer d’Ere » publie régulièrement des romans d’aventures à connotation géopolitique.
Il y a quelques mois il a fait connaître au grand public ce qu’était « la doctrine Guerrassimov« , sous forme de roman policier, celle du chef d’état-major des armées russes qui entendaient rénover la doctrine soviétique du pouvoir dirigé par son ami Vladimir Poutine et les oligarques qui l’entouraient.
Pareillement, le général Guerassimov souhaitait orienter la politique nucléaire de la Russie vers un nouveau modèle d’utilisation de la dissuasion tactique dans le cadre de la gestion politique de l’arme nucléaire et des frayeurs qu’elle entraîne.
Quelques mois ont passé jusqu’à ce que la guerre du 24 février 2022 entre russes et ukrainiens ait pris la forme de cette opération, dite spéciale, sur le territoire ukrainien contre les populations qui y vivent et qui, bien sûr, ont décidé d’y résister.
Le couple Poutine / Guerassinov est alors apparu comme possédant les leviers de commande politiques et militaires. Jusqu’à la disparition récente du militaire.
Cette circonstance me fait revivre ce que j’ai vécu à la toute fin du vingtième siècle, il y a vingt-cinq ans, qu’il m’a paru suffisamment intéressant que je confie la narration à l’Echo des Arènes.
À l’époque, en 1997, magistrat commercial européen, je prépare l’élection à la présidence de l’union des magistrats commerciaux européens dont le siège a été installé en Autriche, pays d’accueil des présidences qui s’y succèdent.
Longtemps les travaux ont été organisés à Kitzbühel, chaque mois d’août puis, lorsque j’ai été élu, contre un candidat français qui ne comprenait rien à l’Europe, j’ai été invité à transférer les travaux du mois d’août au sein des très beaux paysages de la Carinthie.
Le dictateur Tito qui régnait sur la Yougoslavie venait de mourir en ouvrant une grande période de violence sur la rive gauche de la mer Adriatique.
La concentration entre trois religions a tout de suite pris une allure guerrière destinée à libérer les multiples peuples de cette région confiée à la poigne de fer d’un des grands du Tiers-Monde, lequel à l’époque affirmait son autorité avec l’Égyptien Nasser et l’indien Nehru.
Chacun comprendra ce que fut mon devoir de veiller à ce qui était en train de se produire.
D’autant plus que la province autrichienne de la Carinthie, où nous siégions, comme organisation européenne était elle-même dirigée par un jeune politicien autoritaire qui ne cachait pas son attirance pour les personnalités fascinantes (y compris française).
Enfin, pour ajouter au désordre ambiant, je préparais un ouvrage de droit comparé avec le président de l’université de Constance qui avait la particularité d’être le fils d’un général de la Wehrmacht, époux de la sœur de notre premier ministre Jacques Chaban-Delmas.
Cette configuration m’a conduit à les voir du côté des États-Unis pour apprécier les travaux qu’ils avaient entrepris pour sortir notre Europe de ces conflits qui ont ensanglanté la mer Adriatique.
Je fus reçu, brièvement, par Monsieur Cyrus Vance senior, ancien vice-président américain de Jimmy Carter qui m’a décrit les complexités inextricables des hostilités entre les différentes nationalités et religions.
Il m’a exprimé, à l’époque, en 1998, l’espoir qu’il avait de voir se terminer, avec beaucoup de patience, les manifestations de véritable haine entre ces différentes communautés.
Il m’a fortement conseillé d’aller rapidement en Russie car il craignait que toutes ces haines renaissent, à l’identique, dans des communautés slaves déjà impliquées dans ce que le monde a appelé les guerres de Yougoslavie.
C’est pourquoi, nous avons décidé avec ma femme de faire tous les 21 longs voyages en bateau pour visiter les sites religieux et les sites politiques de cette Russie, à la fois passionnant et séduisante, pour un couple franco polonais.
Notre première visite, en descendant la Volga nous a conduit dans un site religieux de qualité exceptionnelle telle que le monde slave a su les créer.
De retour à Moscou nous avons souffert la misère que nous ont inspiré les Afganski, ces jeunes militaires estropiés et abandonnés par tout le monde, le petit peuple qui montraient les jambes et les bras qui leur manquaient en mendiant les quelques roubles dont ils avaient besoin pour se nourrir. Ce fut un sentiment de honte !
Après l’horreur, le bonheur de voir ses toutes jeunes moscovites d’une vingtaine d’années, modèle de la tennis Woman Anna Kournikova, corps parfait, robe blanche transparente, aisance agilité et séduction dominatrice.
La Russie de 1998, c’était ce contraste insupportable, comme aujourd’hui celui des massacres de Marioupol et les parades de Moscou.
Une escapade dans les terres lointaines se rapprochait de la Finlande, le final, à nouveau passionnant et politique nous a ramené vers le fleuve la LENA et les merveilles de Saint-Pétersbourg.
Nous y avons vécu une escapade à deux dans le restaurant réservé aux oligarques que nous avons retrouvés comme nous les avons vu vivre avec les belles jeunes femmes qui avaient l’âge de leurs filles et toujours la transparence de leur robe.
Comme il fallait bien terminer par un final ouvrant sur l’avenir nous avons passé quarante-huit heures à courir les distributeurs de billets de banque avant de quitter un pays qui était en train de faire faillite.
Ces années venaient de s’écouler entre la photo que j’avais pris de la porte de Brandebourg à Berlin en 1982, avant de m’échapper en courant, convaincu alors que 1982 entraînerait 1998.
De la même manière qu’en quatre-vingt-dix-huit, convaincu que la guerre de 2022 était inévitable dès l’instant où les dirigeants russes avaient eu sous la main les souffre-douleur ukrainiens. Ils en avaient besoin pour entretenir au sein de leur peuple l’exercice d’une vengeance destinée à permettre la relance, conséquence des incuries dont il est régulièrement victime.
Doctrine Guerrassimov ou pas, 1982 a entraîné 1998 qui a entraîné à son tour 2022 qui entraînera à son tour une revanche du peuple sur les dirigeants qu’il s’est donné et qu’il a toujours tendance à adorer.
Comme certains maris qui croient en l’amour éternel de leurs femmes les dirigeants russes croient à la dévotion perpétuelle de leur peuple à leur égard.
STALINE, KHROUCHTCHEV, BREJNEV, ELTSINE, GORBATCHEV, POUTINE…..et GUERASSIMOV y ont tout cru. Ils avaient raison.
Ils sont à l’image de leur peuple.
Ils font ce qu’ils attendent d’eux.
Ensemble, ils restent attardés au dix-neuvième siècle. Aidons-les à en sortir.
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