« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point » disait Jean de la Fontaine.
Depuis le début de son mandat, le nouveau président des États-Unis veut imposer son rythme tel qu’il l’avait exprimé lors de sa campagne avant son élection. Et dès son investiture Il s’est mis à courir, courir.
Dans une posture de suzerain tout-puissant du monde, Donald Trump multiplie les annonces sur la réduction des structures et des moyens de l’État fédéral, les décrets sur l’immigration, les attaques contre ses alliés, la mise en place de droits de douane sur le monde entier. Bref, une surenchère d’action toutes azimuts ayant pour vocation à sidérer interlocuteur ou partenaire afin d’imposer son rythme et sa loi.
Pourquoi tout cela ?
Malgré le fait que Trump souhaite faire partie de cette nouvelle caste de septuagénaires autocrate, il a un ennemi structurel, bien présent, qui risque de l’empêcher de mener à bien l’ensemble les réformes internes, la guerre commerciale mondiale ou géopolitique visant à détruire les ordres établis pour les remplacer par son propre état de droit que ce soit pour les États-Unis comme pour le reste du monde.
Ce puissant ennemi est le temps long et il le sait. C’est pourquoi l’ensemble de ces décisions erratiques doivent pouvoir se concrétiser et lui apporter des réponses rapides. Dans moins d’un an maintenant, la campagne pour les élections de mi-mandat va démarrer et se sera l’heure du bilan pour les républicains qui se présenteront face aux électeurs pour leur réélection.
Un an pour réussir c’est court, il y a urgence. Pour les américains bien sûr, mais aussi pour l’ensemble des pays qui sont sous le feu des mesures de rétorsion de l’administration américaine.
En attaquant l’ensemble de la planète par ses décisions et leurs cadences effrénées, la volonté de chamboule tout du nouveau président des États-Unis remet en cause non seulement l’ordre établi des règles internationales mais aussi le temps dans lequel l’ensemble du monde actuel à son rythme. C’est-à-dire le temps long. Et ce temps est plutôt celui des tortues qui suivent des objectifs clairs le lièvre qui court dans tous les sens.
Les tortues
Aujourd’hui, le monde vit une situation particulière, les autocrates sexagénaires dominent le monde. Ils sont en place depuis des années et qui ne seront certainement pour encore des années. Ils sont les dirigeants de plus de 4 milliards de personnes dans le monde. Leur temps et le temps long, ils sont « élus » souvent depuis plus de 10 ans.
Aujourd’hui, tout les pousse à une résistance et à une patience en attendant un retour à meilleure fortune et dans l’immédiat, ils y auront tendance à utiliser le chaos ambiant au profit de leurs stratégies.
Le monde entier a bien vu que la résolution de la guerre en Ukraine qui devait se résoudre en 24 heures n’est toujours pas réglée. De 1 jour nous sommes passés à 30 puis à 100. La paix durable annoncée s’est transformée en un cessez-le-feu global puis un cessez-le-feu énergétique puis à un cessez-le-feu dans la mer Noire toujours pas validée, soit, presque rien.
Vladimir Poutine en est l’archétype, il a une stratégie claire et répétée qui vise à redevenir un acteur majeur géopolitique. Pour cela il doit soit à occuper et annexer l’Ukraine, ou à minima de la vassaliser. Tout autre chemin ne pourra aboutir qu’avec la défaite de la Russie, ce qui n’est pas à l’ordre du jour.
La Chine elle aussi prend son temps. Elle se prépare pour la prise de Taïwan et se présente comme la nouvelle alternative au mondialisme apaisé délaissé par l’administration des États-Unis. Elle regarde les nouveaux droits de douane avec distance tout en organisant ses réponses. Là encore, le temps joue pour elle.
La Turquie d’Erdogan profite du chaos provoqué par les Américains et de sa place particulière dans l’OTAN pour tenter d’installer la pérennité politique de son président.
L’Inde reste discrète et voit venir.
L’union européenne, elle aussi, prépare ses réponses dans la guerre commerciale initiée sur les droits de douane en faisant le dos rond, en attendant d’éventuelles négociations temps avec des États-Unis et cherche de nouveaux partenaires et joue la montre. Pour le reste et notamment la guerre russo-ukrainienne à ses portes, la libération de l’emprise militaire américaine qui était la norme depuis la fin de la seconde guerre mondiale offre la possibilité de se réarmer et de redevenir une puissance militaire ce qui, lui ouvre de nouvelles perspectives stratégiques si le temps est suffisant. Français et Anglais l’on déjà bien compris.
Et pour les autres, ce sera très probablement au cas par cas.
Dans le court terme, les plus faibles auront deux choix, soit chercher à se rapprocher d’un les blocs pour assurer sa protection vis-à-vis de l’ogre américain et attendre, soit choisir les États-Unis et iront se soumettre à la nouvelle administration américaine.
Ces résultats seront inévitablement valorisés par Donald Trump pour qu’il puisse démontrer à ses sympathisants des résultats.
Ceux-ci seront-ils suffisants ? Personne ne le sait encore aujourd’hui mais nombreux sont ceux qui prédisent que si retour il y a, il se produira sur un temps plutôt long, soit bien au-delà des futures élections de mi-mandat qui auront lieu dans moins de deux ans.
En cas de résultats trop faible, Donald Trump pourrait bien faire sienne la fameuse formule « demain on rase gratis » et de faire comme le barbier à qui cette expression est attribué. C’est-à-dire de laisser la grande pancarte où était inscrit la fameuse formule et de la répéter tous les jours afin de ne jamais y être soumis.
Par ailleurs, pour se préparer à tout problème électoral son administration a déjà lancé deux contre-feux :
- Pour les prochaines élections de 2026, ils ont déjà posé les bases qui leur permettraient d’en contester les résultats.
- Pour le temps long, le fait que potentiellement Donald Trump puisse se représenter pour un troisième mandat.
Avec comme perspective, s’il le faut, de briser les bases de la démocratie américaine.
Un des principaux soutiens de Donald Trump et qui a été son conseiller technologique lors de son premier mandat, qui a permis à DJ Vance de se lancer en politique et qui partagent avec lui une idéologie commune. Peter Thiel répète maintenant depuis des années que « Je ne crois plus que la liberté (comprenons sa liberté) et la démocratie soient compatibles ».
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