L’Ukraine est au cœur de beaucoup de débat en Europe et en France. Ce pays est dans une guerre totale contre son envahisseur qui a détruit et déjà annexé une partie de son territoire, de la Crimée au Dombas. Cette guerre est particulièrement déséquilibrée car elle oppose la Russie, ex 2eme puissance mondiale et nucléaire et ses 140 millions d’habitants à l’un de ses anciens satellites, l’Ukraine, avec ses 35 millions d’habitants avant 2022 et une surface équivalente à la France.
Rappelons que ce pays dispose de terres fertiles et qui en font un des premiers greniers à grains du monde et qu’il dispose aussi de nombreuses ressources minières. Ceci n’a certainement pas été étranger à la décision d’envahir ce pays par la Russie dans sa stratégie de replacer les matières premières et leurs détentions au cœur de la géopolitique mondiale.
Cette guerre, initialement totalement déséquilibrée, aurais dû être perdue rapidement comme l’avait prévu le Kremlin. Mais c’était sans compter sans l’appui informationnel des américains et sans le courage et la volonté de résister du peuple Ukrainien derrière son Président. Et pour que cette résistance devienne durable nous, les occidentaux, nous sommes engagés derrière ce pays pour lui éviter la défaite et pour empêcher la Russie de devenir l’ogre de l’Europe.
Et nous nous interrogeons souvent sur le comment, le pourquoi ou le combien. Les premiers, nos agriculteurs ont crié à la concurrence déloyale que font peser les céréales et les autres produits Ukrainiens dans notre marché européen bien huilé avant qu’une solution soit trouvée : les exportations agricoles prennent un autre chemin, mais ne s’arrêtent pas dans l’Union Européenne.
Les dés en sont jetés et ce n’est que le début. Il va nous falloir intégrer l’Ukraine et/ou les Ukrainiens dans notre belle UE que ce soit dans la défaite ou dans la victoire. Et ce pays, qui aura souffert toutes ces années de résistances et de guerre, n’aura certainement de cesse de transformer sa volonté de se battre, de repousser l’ennemi, d’innover pour gagner bataille après bataille pour la mettre au service d’un avenir qui semblera aux Ukrainiens, meilleur.
C’est une caractéristique que les grandes guerres génèrent au sein des peuples. De nombreux philosophes ont évoqué cette destruction créatrice de la guerre. Ceux qui ont eu la chance de rencontrer et surtout d’échanger ces dernières années avec des anciens ayant connu la période de la dernière grande guerre, celle de 1939 à 1945 le comprennent. Ces derniers, au sortir de 1945, ont mis toute l’énergie acquise durant les années de guerre ou d’occupation, au profit de la reconstruction et du développement de la qualité de leur vie.
Chaque fois, on est frappé par le parcours de ces hommes et de ces femmes qui ont fait les 30 glorieuses, de la reconstruction au renouveau de l’Europe. Leur volonté d’aller de l’avant, de transformer la résilience nécessaire à l’acceptation des traumatismes de la guerre en énergie pour le futur. La manière qu’ils ont eu d’utiliser les forces acquises dans la période, que ce soit le courage, l’implication, la rigueur, l’innovation, l’imagination, l’adaptabilité, mais aussi la transgression, la dureté voire la violence pour atteindre les objectifs fixés.
Nombreux seront, les Ukrainiens, vaincus ou libérés, à être de cette trempe et qu’il nous faudra comprendre, accompagner, afin de les transformer autant qu’ils nous transformeront. Il semble clair aujourd’hui que ce conflit restera sans réel vainqueur ni vaincu. Préparons-nous à les aider dans la reconstruction, à les accueillir car nous avons besoin de leurs qualités mais aussi peut être de leurs défauts et de leur permettre de se rapprocher de nos institutions afin de mieux les protéger et de nous protéger. N’oublions pas l’histoire et essayons d’éviter de revivre la suite de la guerre des Balkans et la conséquence dramatique de ces groupes militaires qui ont basculé dans la grande délinquance et durablement transformé le paysage de la criminalité au sein de l’Europe occidentale.
Soyons pragmatiques, dans un monde qui ne nous prend plus comme référence, pour qui la démocratie et l’occident ne sont plus un modèle à suivre. Cette guerre nous a déjà changé. Elle nous a fait comprendre que la paix n’était pas éternelle et qu’elle pouvait être à nos portes, que la démocratie, pour être durable, ne devait pas toujours éviter le combat. Les Ukrainiens le vivent tous les jours à leur dépens.
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