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Réforme contre Réforme

Par principe, je n’ai pas voulu employer le titre médiatique « reform or not reform » généralement usitée pour titrer les messages des médias.

Dans quelle situation la France finit-elle l’année 2019, qui a vu la grève des conducteurs s’opposer à la trêve des confiseurs.

Un projet a été mis en discussion au mois de septembre. Il va être repris dès les premiers jours de 2020, dans l’objectif de sortir du parlement en sa forme provisoirement définitive vers le mois de mai.

Ce projet de réforme des retraites figurait dans le programme du candidat élu en 2017. Son objet avait été présenté comme répondant à la nécessité de réintroduire la justice que la nation doit à ceux des citoyens qui sont maltraités.

Les agriculteurs (trices), les femmes maltraitées par les différences de salaires et de retraites, dans les métiers qui leur sont spécifiques, justice enfin pour les travailleurs soumis à la pénibilité quotidienne, diurne ou nocturne, qui les fait vieillir plus vite.

Il faut satisfaire ce besoin de justice pour garder l’équilibre entre tous les citoyens. Sur ce point, tout le monde est d’accord, y compris les plus opposants au système proposé.

Une question reste à régler. Qui paye ?

La majorité du peuple qui se sent concerné veut éviter d’avoir à en faire les frais. Personne n’a répondu à ce jour à la question qui paiera.

En attente des débats qui vont s’ouvrir d’ici le printemps, les médias qui cherchent à exprimer ce que pense la Nation se focalisent sur le prix politique à payer par l’exécutif et ses oppositions.

Face à cette drôle de réforme. Je ne peux pas m’empêcher de penser à la drôle de guerre qui s’est installée au sein d’un peuple français qui n’en voulait pas. Ce que j’ai vécu, dramatiquement, au jour le jour, entre septembre 1939 et mai 1940.

Ce rapprochement n’est ni une comparaison ni un raisonnement. Je le fais simplement pour vérifier le bien-fondé de mes analyses et de mes anticipations. Les événements de l’été 2020 viendront confirmer ou infirmer la justesse de mes anticipations théoriques. Nous verrons !

Ce que les chroniqueurs ne font jamais.

La drôle de réforme

Comme la drôle de guerre, la drôle de réforme se heurte aux réactions caractérielles et sociétales du peuple Français avec le risque de voir se manifester l’effondrement politique qui donnerait le pouvoir au mouvement politique qui serait conduit à détruire le modèle républicain qu’il accuserait de tous les maux.

Les oppositions politiques

Une coalition est à l’œuvre entre les trois mouvements politiques présents de longue date au sein de la nation. Chacun d’eux trouve son soutien dans les comportements caractériels et sociétaux présents dans la société française.

Le Front Patriotique

Le front patriotique est un mouvement qui s’identifie à la volonté d’une partie des citoyens d’incarner la France dont ils rêvent. Il a rejoint la démocratie pour la présidentielle 2017

Ce front a constitué la base de l’Assemblée nationale élue après l’effondrement du second Empire, celle qui a choisi la République, de justesse, à une voix.

Il a été incarné par le Maréchal de Mac-Mahon qui avait construit sa gloire sur la bataille impériale de Solférino avant de se faire élire président de la troisième République, après avoir liquidé la commune de Paris, dans des conditions suffisamment sanglantes pour que la ville capitale soit dépourvue d’autonomie politique pendant un siècle

Ce front patriotique a été présent aux élections présidentielles de la cinquième République en 2002 et en 2017.

Le Front révolutionnaire

Ce n’est pas évident pour un mouvement politique qui se voudrait révolutionnaire de faire adhérer une majorité suffisante de français à ses objectifs et à son idéologie.

La Terreur révolutionnaire de la première République a marqué les esprits. Il reste difficile de défiler derrière l’image de Robespierre. L’écrasement de la commune de Paris en 1871, les fusillés de Craonne en 1917, la répression des grèves insurrectionnelles par la quatrième République, ont brisé ses tentatives.

Sans oublier l’imposture de la révolution maréchal liste de 1940 qui a imposé l’exil des grands leaders qu’il n’avait pas réussi à mettre en prison.

Sous une forme atténuée, après tant de répressions, ce mouvement révolutionnaire a partagé le pouvoir républicain socialiste de la cinquième République, dans le seul objectif de lui permettre de le conquérir avant de subir la traditionnelle mise à l’écart.

Aujourd’hui, ce mouvement a retrouvé la parole tribunitienne indispensable pour exister. Suffira-t-elle pour ramener le peuple aux premières années de la première République, comme son tribun en affirme la possibilité. Ce mouvement s’est retrouvé en troisième position électorale en 2017. Il a sensiblement décliné depuis.

Le Front Républicain

Arrive en quatrième position en 2017, le front républicain est le troisième partenaire de la coalition des opposants à la réforme de la retraite. Il exploite l’héritage des deux vainqueurs corréziens de l’élection de 2012. Ils n’ont pas d’autre choix que de s’opposer en espérant que les deux autres membres de la coalition les aideront par leurs erreurs, à retrouver la place qu’ils ont occupée, en alternance entre 1981 et 2017.

Les oppositions caractérielles et sociétales

Les trois mouvements politiques ci-dessus trouvent la raison de leur existence dans trois spécificités du comportement du peuple.

La Rouspétance

La tendance comportementale caractéristique d’un peuple de verbaux à la parole facile s’exprime dans la Rouspétance. Première manifestation humaine exprimant l’opposition, cette notion n’apparaît dans les dictionnaires qu’au XXème siècle.

Il est évident que la surtaxation qui pèse sur les revenus du travail, donc des retraites, reste le motif le plus justifié et le plus pertinent. S’y ajoutent les conséquences de la mal gouvernance de l’État par l’administration, ce qui est un autre sujet que je traiterais prochainement.

Cette Rouspétance généralisée prend la forme de rébellion, quand trois conditions soient remplies.

La Rébellion

La personnalité de celui qui est l’objet des oppositions doit être clairement identifiable comme justifiant le rejet qu’il inspire. C’est clairement le cas du jeune président qui introduit l’idée de réforme avant de la présenter lui-même.

Affublé des atours du monarque lointain au service des riches, il a cristallisé la rébellion de 2018 contre sa personne. Ça continue malgré sa discrétion récente sur le projet confié au gouvernement

À cette rébellion. Il manquait la mobilisation, laquelle, comme toute mobilisation est décidée et organisée pour orienter vers les objectifs de la rébellion. C’est fait.

Les images de cette prise en main qui a fait défaut en 2018 sont claires. On y voit le jeune barbu révolutionnaire s’opposer avec virulence à l’élégante blonde parlementaire. C’est pouvoir contre pouvoir

Enfin, pour que la rébellion s’installe il faut lui trouver le lieu, l’endroit l’installation au sein desquels la rébellion vivra en autonomie. Sans remonter bien loin dans l’histoire, il suffit de rappeler quel a été le rôle des ronds-points dans la rébellion de 2018 et quel est celui des dépôts et des ateliers dans celle de 2019.

La révolte

Le passage de la rébellion vers la révolte se produit lorsqu’une minorité de rebelles suffisamment déterminés sont prêts à remettre en cause tous les pouvoirs, voir à détruire les lieux qui sont attachées à la mémoire de ceux qu’ils rejettent.

Le comportement français accorde un sentiment de soutien aux révoltés, en évitant la prise de risques derrière l’écran protecteur des sondages.

Les années 1940 sont suffisamment présentes dans l’esprit des citoyens, pour que les soutiens à la révolte, sympathiques et naturels, ne conduise pas à la témérité, dont l’absence pendant la guerre a conduit le Général à traiter les Français de veaux.

La révolte est en place. Elle inspire le dégagisme. Au-delà des dirigeants français à dégager, il faut voir plus loin que le bout de son nez vers les étrangers qui ont de nombreux intérêts politiques en France.

Ce sont eux, coalisés à leur manière, qui ont fait échouer plusieurs révoltes hexagonales.

Retraite or not retraite

Ce sera ma conclusion évidemment provisoire.

Le gouvernement veut une retraite pour le peuple, le peuple veut une retraite pour le gouvernement.

Le même mot a deux sens, chacun étant éclairé par le vocable américain de « Retired », plus significatif.

La retraite oui, la Berezina non

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