Au delà des considérations spécifiques à la gestion de la crise du Coronavirus, la politique française et ses institutions semblent ébranlées de toute part; trouvez ci après la tribune sociétale et engagée du citoyen Michel Rouger éclairant sur les enjeux sociétaux et politiques annonciateurs d’un potentiel écroulement voir déconfiture de la République telle que nous la connaissons.
La déconfiture est une défaite totale qui peut entraîner l’écroulement de l’organisation ou de l’institution qui subira les conséquences de cette défaite.
Il se trouve qu’au terme d’une très longue vie. Je vois se profiler le risque d’une grave déconfiture qui provoquerait l’écroulement auquel le Premier Ministre a fait allusion sans préciser où il se produirait.
À ce jour, j’ai vécu quatre déconfitures. Chacune a engendré l’écroulement de quatre institutions.
La troisième République, l’État français, la quatrième République, et la cinquième dont il n’est resté, grâce au maintien d’institutions créées pour un Homme d’exception que le Dirigisme monarchiques et centralisateur.
Comme tous les Français, je participe, que je le veuille ou non, à la pandémie qui affecte tous les pays du monde et provoque une véritable guerre mondiale contre le virus qui en est responsable.
En outre, je vis une bataille spécifique menée par l’État dirigiste avec l’aide d’une sphère sanitaire qui lui apporte non seulement ses moyens mais son courage et son engagement.
Dans deux chroniques précédentes, je me suis intéressé à l’expression sanitaire de cette bataille de France. J’observe que cette sphère sanitaire, multiforme, a évité tout risque de déconfiture. Grand Merci.
Par contre, je suis convaincu que, même sans déconfiture de l’armée sanitaire qui a tenu son rôle, celle du dirigisme étatique qui n’a pas tenu le sien provoquera l’écroulement de nos institutions. Il faudra du temps, car les institutions qui abritent ce dirigisme ont la solidité des Bunkers du mur de l’Atlantique.
Souvenez vous, il y a trente ans, lors de l’installation du modèle dirigiste, les Médias évoquaient cette image du Bunker dans lequel le Président vivait confiné. Déjà !
Si je n’étais pas convaincu, Je n’aurais pas entrepris l’analyse sur la mort de tous nos régimes républicains. Sa publication arrivera le 11 mai, jour du déconfinement des idées.
Les enseignements des déconfitures vécues
La déconfiture du combat militaire de 1939
La littérature est abondante facilement accessible pour découvrir les deux périodes que chacune des déconfitures étudiées à reproduites.
La France a été invitée à vivre avec la guerre entre septembre 1939 et mai 1940. Elle s’en est satisfaite comme elle a vécu, en 2020, les deux mois d’épidémie avant le confinement.
Puis elle a été brutalement confrontée à la nécessité de vivre pour la guerre. Tout s’est alors effondré en quelques semaines avec les horreurs cumulées de l’exode, des privations et de l’occupation. Je reviendrai plus tard sur les conditions et les conséquences de l’écroulement provoqué par cette déconfiture militaire vécue.
La déconfiture du combat totalitaire de 1940
À nouveau, après avoir été écrasée, la France a connu deux périodes. J’ai eu a les vivre intensément. D’abord entre juin 1940 et fin novembre 1942, la France a vécu avec l’occupation et avec la collaboration.
Elle conservait une zone libre qui limitait les mesures de confinement, couvre-feu, tickets d’alimentation, restriction de circulation. Cette vie avec a été admise à part quelque rare, réfractaire, et les dirigeants vichystes soutenus.
À partir du début 1943, alors que le vent de la guerre mondiale commençait à tourner, les Français ont été conduits, à vivre pour la collaboration.
Dès le mois de janvier 1943, la création des milices et de multiples formes de traque a permis de ficher, pêle-mêle, les juifs qui avaient échappé aux rafles de 1942, les gaullistes qui n’hésitaient pas à se faire parachuter en France occupée, les communistes qui commençaient à saboter les installations ferroviaires et tous les réfractaires de la déportation négociée baptisée service du travail obligatoire. Ce fut la grande traque.
C’est ce changement de comportement brutal de l’État qui a amené très rapidement la déconfiture de ces organisations, le développement de la résistance et des Maquis qui ont pris leur part dans l’écroulement de l’État français.
La Déconfiture velléitaire de la colonisation
La guerre mondiale qui avait été refroidie par l’arme nucléaire a eu pour effet l’émergence d’un tiers-monde constitué de toutes les nations que les deux blocs de la guerre froide se disputaient.
Cette situation imposait de mettre fin aux principaux empires coloniaux, l’Anglais et le Français. C’est ainsi qu’en 1956, après l’aventure du canal de Suez, Franco-Britannique, les États-Unis et l’Union soviétique ont menacé ces deux pays de punition nucléaire s’il n’arrêtaient pas immédiatement leur action militaire.
Les Anglais ont compris. Les Français pas.
Ils avaient vécu la quatrième République avec les conflits de la décolonisation au Maroc, en Tunisie et au Vietnam. Ils ont choisi de vivre pour la colonisation lorsque l’Algérie a voulu se libérer. On connaît la célèbre réponse du ministre de l’intérieur, c’est la guerre.
À nouveau, les Français ont montré que s’il savaient vivre avec la colonisation, ils refusaient pour. Jusqu’aux bidasses rappelés en Algérie qui ont utilisé leurs transistors pour exprimer leur révolte.
La France arrivant au bord de la guerre civile a trouvé l’homme qui avait compris la situation face à ceux qui ne l’avait pas comprise.
Ce fut l’écroulement de la quatrième République.
La déconfiture idéologique de la soviétisation
En 1981, la France a été engagée dans une tentative de collectivisation de ses institutions. Certes, ce n’était pas la soviétisation stalinienne pour la simple raison que le dictateur était mort depuis trente ans et que ses successeurs se préparaient à abandonner le modèle qui débutait ses déconfitures dans certains pays de son glacis.
Pendant une courte période, à peine trois ans, la France a vécu avec cette soviétisation molasse. Elle a refusé de vivre pour lorsque sa liberté a été mise en cause par la guerre de l’école privée. Ce fut la déconfiture du combat révolutionnaire.
L’écroulement a été reporté en faisant appel à un type de gouvernance dirigiste qui serait confiée à une dynastie de dirigeants de mouvements politiques adoubés par la Sainte École, comme les Capétiens oints par la Sainte Ampoule.
Cette équipe de six dirigeants ont pris successivement possession de l’Élysée et/ou de Matignon, d’abord entre 1984 et 2007, puis de 2012 à 2020. Ainsi, ils ont pu appliquer le modèle politique et administratif de dirigisme monarchique et centralisateur. Durant trente et un ans sur les trente-six écoulés.
Certes, ils ont rencontré des résistances multiples et de toutes les couleurs de l’ultra violent à l’infrarouge en passant par le jaune. Les Bunkers ont tenu.
Bien que la pandémie virale soit venue affecter les rapports qu’ils avaient avec le peuple qu’ils dirigeaient, leur modèle technocratique s’est imposé. On ne sait pas comment il sera jugé.
La déconfiture de 1984 a conduit la France à vivre, grâce au institutions gaulliennes, un écroulement différé, à long terme, dont le terme sera fixé par les puissances influentes sur la Géopolitique mondiale. Comme d’habitude.
La Pandémie vient ajouter l’angoisse sanitaire à l’incertitude que provoquent la domination technologique monétaire et linguistique des États Unis et la primauté industrielle de la Chine.
Pour éveiller la jeunesse Française, si elle le veut, ces Millenials qui porteront les futurs pouvoirs politiques, il va falloir faire beaucoup de pédagogie, en la construisant sur l’expérience vécue, le goût de la liberté, le sens de la responsabilité. Contre l’opposition des dirigeants en déconfiture qui résisteront dans les Bunkers qu’ils occupent.
Vous comprendrez que dorénavant je quitte la guerre sanitaire actuelle. L’État dirigiste à la française a sur abusé de la peur contre son peuple. C’est la dernière arme dont l’usage a été présent dans les quatre déconfitures que j’ai vécues. Deux fois jusqu’à l’usage de la torture.
Je vais donc me consacrer pour le peu de temps qui me reste à analyser le processus de déconfiture de l’État dirigiste et d’écroulement des institutions de la cinquième République, en faisant reposer mes réflexions sur la réalité vécue.
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