Alors que l’avenir avait été envisagé sans rupture dans une continuité bien organisée, c’est à une nouvelle direction et un changement complet d’équipe que l’entreprise Orange doit s’adapter depuis début avril.
Une rupture de gouvernance et une direction bicéphale, Orange fait sa révolution.
Les déboires juridiques du président Stéphane Richard l’ayant rattrapé, les conditions même de l’exercice de ses fonctions au sein de l’entreprise, ont été bouleversées.
La révolution en marche depuis la fin de l’année 2021 commence à montrer ses effets et de nouvelles têtes apparaissent.
Président non-exécutif, la révolution forcée
Choisie par le Conseil d’administration auquel elle a appartenu durant de nombreuses années la nouvelle Directrice Générale Christel Heydemann doit inaugurer aussi une gouvernance revisitée, avec pour la première fois dans l’histoire de l’entreprise, un président du Conseil d’administration non-exécutif Jacques Aschenbroich. Ces nominations ont été approuvées par l’assemblée générale des actionnaires du 19 mai et constituent le nouveau duo à la tête de l’entreprise.
Une chose est sûre, le changement n’était pas dans les prévisions de l’ancienne direction.
L’évolution souhaitée par de nombreux actionnaires devait prendre la forme d’un aménagement dans la continuité. En 2022 la fonction de PDG devait disparaitre au profit d’une gouvernance bicéphale, un Directeur Général et un Président du Conseil d’Administration. L’ancien PDG, Stéphane Richard devait uniquement laisser l’une des deux fonctions et ne garder que la présidence du Conseil d’administration. Nombreux étaient ceux qui en interne pensaient pouvoir naturellement occuper le siège de Directeur Général.
Or voilà que la justice a subitement porté un coup d’arrêt à cette transition tout en douceur. L’affaire Tapie ayant été jugée en appel, Stéphane Richard se retrouve dans la position du condamné, sans possibilité d’assurer le mandat auquel il devait prétendre.
La nomination à la tête de l’entreprise de télécom, a toujours été très politique et les enjeux ainsi que la visibilité induite ont souvent revêtu un caractère symbolique très marqué. En ces temps de fin de cycle électoral, cet exercice était des plus risqués.
C’est ainsi que le choix s’est porté vers une personnalité reconnue de l’industrie, déjà remarquée par ses pairs, portée par ses succès passés et son parcours jusque-là sans faute.
Une nomination sous le signe la continuité et de la rupture.
Une équipe dont on a pas à démontrer l’expérience mais peut-être la pertinence
L’entreprise renoue ici avec la tradition des X, polytechnique, le profil des ingénieurs reprend le lead après avoir cédé la place à la haute administration d’Etat et aux profils plus littéraires. D’une certaine manière l’entreprise se dote d’un dirigeant qui la connait bien sous divers angles.
En effet Mme Heydemann a œuvré durant 14 années sur les problématiques liées aux terminaux chez Nokia avant que ce dernier soit racheté par Microsoft. A cette occasion elle a eu tout le loisir de se forger une expérience de terrain en tant que fournisseur pour France Télécom.
Une connaissance de l’entreprise complétée plus récemment avec l’étude des dossiers dont elle a eu la charge au sein du Conseil d’administration durant presque 5 années.
C’est un binôme chargé aussi de porter une vision extérieure, avec à la tête du Conseil d’administration une personnalité sans aucune attache avec le milieu des télécom, venant d’un univers industriel totalement différent.
Jacques Aschenbroich, est lui aussi ingénieur, passé au service de l’État quelques années il connait bien les rouages politiques et économiques. Classé 4ème au classement des patrons les plus performants de la Harvard Business Review, il quitte Valéo au moment où les fonctions de Président et de Directeur Générales sont amenées elles aussi à se séparer.
Ce duo qui allie jeunesse, compétence et expérience va probablement rebattre les cartes du management chez Orange.
L’évolution des approches donne certains signaux quant aux volontés poursuivies. Reste à savoir si le binôme réussira à améliorer les résultats financiers et la perception boursière de la valeur.
À 10 euros 91 soit une hausse de 89 centimes sur l’année, elle reste très loin des espérances de cours.
Patricia Capelle
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